mercredi 16 mars 2011

Les limites de la performance sociale

Le cas de la société Alcan est très intéressant, et en l’occurrence il est clairement mis en évidence que la responsabilité sociétale peut être bénéfique et donc performante. Néanmoins, l’implication des différents partenaires a été possible car chacun y a vu un intérêt et l’importance de cette société dans ce bassin économique est évidente. Mais qu’en est-il dans un bassin plus complexe, comme une métropole par exemple ? Est-il possible de déterminer un accord de base entre différents acteurs tels ceux cités dans l’exemple et se mettre d’accord sur des principes, processus et des résultats ? Dans un bassin économique plus dense, il est beaucoup plus difficile de cerner l’impact de chaque société. De plus, il y a beaucoup trop d’acteurs et donc de variables à prendre en compte. La consultation de chacun d’entre eux pour déterminer des objectifs communs serait bien trop long et bien trop compliqué ! En effet, si l’on se base sur la démarche adoptée par Alcan, la responsabilité sociétale implique de travailler de concert avec la communauté et pour se faire de mettre en place des instances consultatives ou des comités. Comment faire pour déterminer tous les groupes de travaux, élire les personnes « clés » qui siègeront dans ces organismes ?

L’entreprise n’est plus considérée comme cloisonnée, elle interagit avec son environnement extérieur, c’est un fait. Pour autant, mettre en place des comités pour chaque projet (qui a un impact sur l’environnement externe à l’entreprise) revient un peu à alourdir le fonctionnement de l’organisation et donc affaiblir sa capacité d’adaptation. Toujours sur cet aspect, je trouve également que cet alourdissement contribue dans une certaine mesure à politiser l’objet social de l’entreprise. L’autonomie reste à mon avis la clé de la réactivité et du changement. Certes, l’entreprise doit être responsable d’un point de vue économique, juridique, social, environnemental et sociétal. Cela semble éventuellement faisable pour des enjeux majeurs qui ont donc une portée sur le long-terme.

Autre limite : En cas de crise ou de problème majeur, comment l’organisation est-elle censée réagir ? Doit-elle  consulter l’ensemble de la communauté (ou des commissions la représentant) ?

Dernier élément qui a, je pense, son poids en pratique : L’entreprise Alcan est une entreprise qui a toujours été relativement prospère d’un point de vue économique. En effet, avant son rachat en 2007 par Rio Tinto, Alcan était le 3eme leader mondial dans le domaine de la fabrication et commercialisation de produits en aluminium, et le leader mondial des technologies d’électrolyse pour la production d’aluminium primaire. Le marché de l’aluminium est certainement très concurrentiel, mais il est en forte croissance, et il me semble évident que la société Alcan possédait une assise financière confortable au moment des différentes négociations avec les partenaires extérieurs, lui permettant certaines largesses. Cela lui a finalement été profitable, mais le pari était tout de même osé car il était difficile de prévoir les conséquences de ses actes dans un environnement purement social. Le résultat aurait pu être bien moins glorieux avec les mêmes moyens employés !

Finalement, toutes les entreprises n’auraient peut-être pas pu se permettre d’avoir l’audace de la compagnie Alcan, et ce, pour les raisons énumérées ci-dessus (tension financières, impossibilité de se projeter sur long terme, marchés instables, difficultés à cerner les objectifs communs, complexité du bassin économique, secteur d’activité concerné…)

1 commentaire:

  1. Lors de la fusion, l’entité acheteuse, Rio Tinto, a signé une entente l’impliquant à respecter la convention de continuité signée avec le gouvernement québécois en 2006. De ce fait, Rio Tinto s’engageait à respecter le développement de la région du Saguenay Lac Saint-Jean de même que de s’engager à respecter l’environnement qui l’entoure. Des actions concrètes telles que la création de 2500 employés dans la région du Saguenay Lac Saint-Jean, de la conservation du siège social à Montréal et des engagements communautaires et culturels devaient être continués.

    Pour apporter une précision, l’entreprise Alcan n’était pas, à prime à bord, à vendre, mais suite à l’offre d’achat d’Alcoa sur Alcan, Rio Tinto a offert une contrepartie ne pouvant être refusé par l’entreprise. Pour enfin accepter l’offre, Rio Tinto a dû signer l’entente dont je vous ai mentionné plutôt.

    De plus, pour faire un lien avec votre article «L’audit de la performance sociale comme outil de mesure interne», Rio Tinto Alcan mesure sa performance environnementale et sociale auprès de ses employés à l’aide de questionnaires comme vous l’avez mentionné. Ils assurent d’ailleurs une constante amélioration de la sécurité du milieu de travail en ayant diverses mesures. Si les opérations viennent qu’à se compliquer ou le nombre de blessures va en augmentation dans un cours laps de temps, les employés seront arrêtés et la direction communique avec eux pour faire le bilan de la situation, pour ainsi empêcher d’autres blessures. Finalement, à l’entrée de l’usine, un tableau indiquant le nombre de jours sans blessure motive les employés à se concentrer sur les tâches à hauts risques et leur rappel que les mesures de sécurité sont importantes à tout moment. Ce sont qu’une infime partie des mesures prises par Rio Tinto Alcan, mais ceci démontre que l’aspect social est réellement prise en compte dans certaines entreprises.

    Lorsque vous énoncez «Espérons simplement que le rachat d’Alcan par la multinationale anglo-australienne Rio Tinto ne viendra compromettre cet équilibre et ainsi détruire tout le travail accompli par les différents acteurs pendant de longues années» ceci représente actuellement mon sujet d’essai !

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